vendredi 28 septembre 2012

Maman gérante de talent

Enfant j'ai touché à tout : danse, piano, gymnastique, impro, chant ... Mais je n'ai jamais poursuivi une activité au point d'exceller. J'abandonnais facilement, surtout si on me demandait de me dépasser. Dès que ce n'était plus du jeu, je passais mon tour.
Mes parents ne m'ont pas poussée à en faire plus. C'était mes choix, mes décisions. 

Malheureusement, je suis encore un peu comme ça. Je suis une artiste qui a du mal à enclencher des processus administratifs afin de rendre mon art lucratif. Je n'ai pas appris à me battre, à me vendre et à croire en ce que je fais. Je ne peux pas en vouloir à mes parents de ne pas avoir insister afin que je me rende au bout de quelque chose. Je ne les aurais pas écouter de toute façon. Mais leur insistance m'aurait peut-être démontrer leur foi en moi, en mon talent. 

Peut-être que je crains la finalité. Enclenché un processus nous mène soit à modifier notre parcours ou à se diriger vers un aboutissement. Je n'aime pas les adieux, les "à la prochaine" pour la forme et les changements drastiques. 

Pourtant, j'ai souvent sciemment sauté dans le vide, fait table rase. Et ma liberté acquise, les possibilités infinies m'ont fait peur. Je me suis retranchée dans ma zone de confort, en sécurité. 

Ces derniers temps, j'ai la nostalgie de mes 20 ans dans la métropole qui m'a semblé pleine de promesses et de merveilles, immense et effrayante à la fois. J'ai le regret des rêves qui étaient à portée de main et que je n'ai pas saisi. Je voulais une carrière artistique. Et j'ai bifurqué vers le travail de bureau que j'ai pourtant en horreur. D'où je viens, tu gagnes ta vie avec une job sûre. Des secrétaires c'est toujours utile. Une Ar-tis-te ça mange du pain noir.

Je brosse un tableau de ma jeunesse, parce que je veux en venir à ma façon d'encourager mes filles dans leurs sports. Je ne sais pas si vous avez pu voir un épisode de "Mamans gérantes d'estrades" à Canal Vie. Elles poussent leurs enfants aux extrêmes, exigent beaucoup (trop) et n'acceptent aucunes faiblesses. Je ne veux pas ça pour mes filles. Mais je veux de l'implication de leur part. 

Quand tu t'engages dans un sport ou une activité, tu la fais jusqu'au bout. Tu ne laisse pas tomber quand ça devient trop difficile. L'an dernier, Louvette est passée dans un groupe de ballet plus avancé malgré son âge. C'était une question d'horaire et la professeur était confiante des capacités de Louvette. Oh qu'elle a trouvé ça difficile au début. Plus exigeant physiquement. Elle voulait retour au niveau inférieur. Mais j'ai exigé qu'elle participe un mois à ce groupe avant de prendre une décision. Et finalement, elle a persévéré et pu cette année intégrer une classe de ballet élémentaire. Elle est très fière d'elle et elle sait maintenant qu'il est possible de se dépasser et que les efforts c'est payant. Elle l'a appris aussi à l'école avec sa dyslexie. 

Elle a appris aussi l'engagement. À la fin de l'année de ballet l'an dernier, le mois de mai était un mois de répétitions avant le spectacle de l'académie de danse (deux représentations devant 500 spectateurs chaque fois). Nous avons reçu une invitation pour un baptême auquel elle aurait voulu assisté. Mais ça ne concordait pas avec l'heure des répétitions. Sa prof de ballet qui a l'habitude de voir les gens se désister était prête à dispenser Louvette de répétition.

- Non. Je pense que c'est important que Louvette soit à la répétition. Les autres danseuses comptent sur elle et elle s'est engagée à faire de son mieux.

La prof était agréablement surprise de ma façon de voir les choses. 

C'est la même chose pour Sauterelle. Elle s'est engagée en gymnastique dans un groupe de pré-compétition qui s'entraîne 8h par semaine. Ce qui exige de faire des devoirs en arrivant de l'école et la fin de semaine. Ce qui suppose qu'au lieu d'aller jouer avec les copines il faut aller au gymnase. Mais elle ne s'en plaint pas. Elle a besoin de se dépenser et de bouger. J'avais peur que ça l'épuise mais elle déborde toujours autant d'énergie. On voit maintenant les effets de l'entrainement intensif, elle fait des prouesses dont on ne l'aurait jamais cru capable.

Quant à Renarde, elle se démarque au niveau académique. Elle a un besoin naturel de se dépasser, de faire mieux et de pousser plus loin. C'est un peu la mademoiselle Parfaite de la classe. Et dans son cas il faut un peu modérer ses ardeurs. Ne pas être si exigeante envers elle-même. 

Je ne veux être à aucun extrême, seulement trouver le juste milieu. Porter aussi loin que possible leurs talents. Avant la limite de la tyranie. Mais sans complaisance. La ligne est mince... 

Au fond, je souhaite seulement qu'elles regrettent de ne pas avoir saisi une chance ou gaspillé un talent.

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