Ma vie en extraterrestre

Plusieurs fois semaine je vais m'asseoir dans les estrades pour voir mon trio s'entraîner. J'y suis parce que ça m'intéresse réellement... Et sincèrement, 3 à 4 heures assise à ne rien faire c'est salutaire. 

Mais depuis quelque temps ma tranquillité est perturbée par la présence des autres parents. Ils parlent. Trop. Toujours.

Ce n'est pas tant le fait qu'ils parlent qui m'ennuie. C'est LE sujet. Le SEUL et UNIQUE sujet.

Huitième merveille du monde. La LEUR.

- Petite Princesse a marché à 9 mois.

- AHHH moiiii, Petite Duchesse marchait presque à la naissance. À 2 mois il fallait courir derrière elle.

- Oh! Mais tu sais ma petite Pulchérie D'amour est telllllllement brillante, c'est donc ben compliqué avoir une enfant si douée.

- Moiiiii, Petite Duchesse a sauté une classe. Je ne sais pas si elle parviendra à maintenir la cadence, elle est si perfectionniste et n'accepte pas de faire des erreurs. Ça la ralenti... Quoiqu'au fond, c'est peut-être une bonne chose. Comme ça elle serait vraiment trop bonne.

- Oh! Mais moi, ma petite Reine-Bien-Aimée a toujours 98% dans tout MINIMUM.

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Bien que ça soit tout même divertissant de voir la fibre maternelle s'extasier et tenter d'élever au rang de perfection incarnée leur rejeton, ça fini toujours par dégénéré en discussions purement critiques.

Rien n'est assez bon, assez bien ou parfaitement adapté aux besoins de leur merveille.

Tout y passe. L'école. L'équipe sportive. Le transport scolaire. Le pédiatre. 

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Et y a celles dont l'enfant est si parfait, mais qui doute toujours. Qui craint (et traque) chaque possibilité d'échec, de déception ou de blessure d'estime personnelle. Et elle contraint tous les gens autour à s'inquiéter du bonheur de sa petite perfection sur deux pattes. Tout le monde doit être tenu au courant de l'évolution de Marie-Parfaite-Plus-Que-Parfaite dans toutes les sphères de sa vie.

En fait, il y a pire. Celles qui écoutent et hochent la tête. 

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J'ai beau me coller les écouteurs sur les oreilles. Il y a des voix qui portent plus que d'autres. C'est saoulant. 

Je m'auto-exclue du groupe à cause de ces discussions stériles. Parce que je suis le seul parent qui admet les failles de ses enfants. Parce que, à 95% du temps, je suis contre ou en désaccord total avec les autres parents. Parce que je ne comprends pas que des personnes supposément intelligentes en viennent à des jugements et des opinions si peu réfléchies et incohérentes. 

Les enfants-roi sont devenus parents comme on dit. Et leurs attentes sont si pointues envers leurs enfants et ceux qui s'en occupent. Tout doit rester un jeu. Amusant. Pas de stress. 

Le message des parents est contradictoire, soit mieux qu'excellent (ne me déçoit surtout pas, j'ai une galerie à épater) ... mais ne te fatigue pas à faire des efforts qui t'empêcheraient de t'amuser. Pour ma part, je m'assurai que tu ne subisse jamais de revers, ni de déceptions et je vais harceler tous ceux qui ne mettront pas ta petite personne en priorité absolue. 

Autrement dit, ton succès dépendra toujours de la volonté et de l'effort de ceux qui te porteront à bout de bras. Pas de toi. Contente toi de briller. 

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Je me sens toujours comme une extraterrestre. Celle qui détonne. Celle qui n'est pas de la bonne couleur. Celle qui jure avec les rideaux. Ça me chagrine aussi d'être à part. Pas que je veuille faire parti du groupe. Juste de ne pas rencontrer de gens comme moi avec qui échanger sainement. Je pourrais jouer le jeu, faire croire que je suis d'accord, juste pour en être. Mais c'est fini ce temps là. Je tiens à mes opinions, bien que je ne tienne pas vraiment à les débattre en public. De un, parce qu'il m'importe peu de rallier les gens à mes idée. De deux, quand mon opinion est fait, c'est parce qu'elle a été réfléchie.